Banksy, est-il un Fils de Pub ?

Banksy, est-il un Fils de Pub ?
Banksy, le plus célèbre des street artists, fervent opposant à la société de consommation et au monde de la pub serait-il en fait, le meilleur publicitaire contemporain ?
Coup de Maître chez Sotheby’s
Tout le monde a entendu parlé de ce fameux 5 octobre dernier où le tableau de Banksy « Girl With Balloon » s’est automatiquement détruit au son du marteau qui a résonné pour valider l’enchère à 1,2 millions d’euros chez Sotheby’s.
En cachant dans le cadre un destructeur de papier, Banksy a surpris une nouvelle fois tout le monde. Un coup préparé de longue date par l’artiste qui se joue une nouvelle fois de la société de consommation et qui dénonce le marché de l’art à proprement dit : « aussitôt vendue aussitôt partie ».
En voyant l’œuvre du plus célèbre des Street Artists se découper sous leurs yeux, les témoins médusés ont tous sortis leur téléphone pour relayer l’évènement sur les Réseaux sociaux ou à leur entourage.
Résultat : un méga buzz…
La performance artistique s’est répandue immédiatement à travers le monde….
L’intéressé aussi propage la nouvelle, Banksy publie la scène chez Sotheby’s et utilise une citation de “Picasso” (ou pas – de Bakounine)
Comme c’est souvent le cas, la publication est accompagnée d’un commentaire laconique, présenté comme une citation de Pablo Picasso: «Le besoin de détruire est aussi un besoin créatif». Cette phrase est effectivement parfois attribuée à Picasso, mais il s’agit en réalité d’une citation du théoricien de l’anarchisme Bakounine. Adepte invétéré de l’ironie, Bansky – ou la personne chargée d’alimenter son compte – a-t-il choisi cette phrase en ayant connaissance de cette double-attribution, à la fois artistique et politique? Une fois encore, la question soulevée par le graffeur reste sans réponse.
Une performance INEDITE…
Une première dans l’histoire de l’art. Jamais une performance artistique s’était déroulée dans une salle de vente aux enchères.
Conséquence : une foule de questions auxquelles personnes n’avaient de réponses. Donnant lieu à toutes les hypothèses. Et quoi de mieux que les réseaux sociaux pour partager son point de vue. L’œuvre vaut-elle encore son prix ? la vente est-elle valide ?
-
La valeur de la toile
La question de la valeur de l’œuvre s’est immédiatement posée à tous. La somme de 1,2m d’€ se serait-elle envolée sur ce bruit strident de l’alarme du dispositif ?
Une œuvre détruite en direct est-ce une performance artistique donnant ou détruisant la valeur de la création ?
Les réseaux se sont affolés et déchainés sur cette question …Certain prônant que l’acquéreuse venait de se faire spolier de 1 200 000 Euros devant le monde entier, argumentant sur le fait que c’était le but recherché par Banksy. D’autres se sont rangés derrière le marché de l’art moderne et de ses mécanismes et voyaient en cela une performance artistique décuplant la valeur du tableau.
-
La validité de la vente
Même Sotheby’s a dû en discuter avec son « « heureuse » nouvelle propriétaire », lui demandant si elle validait toujours l’achat de l’œuvre a demi « détruite ». Malgré le coup de marteau, devant l’inédit qui par définition ne renvoi à rien de comparable, même les institutions se sont retrouvées dans un flou purement artistique.
Est-ce qu’une œuvre achetée dans un état peut être réellement vendue détruite après le verdict ?
Sotheby’s a répondu à cette question, sans se positionner mais en demandant l’avis de l’acheteuse.
…pour une œuvre « à part »
L’acquéreuse, consciente de l’effet buzz, n’a pas réfléchi longtemps et a confirmé sa volonté d’acheter la toile. « Girls with Balloon » qui était déjà une œuvre reconnue du monde des street artists et des passionnés est aujourd’hui devenue sans contexte l’œuvre la plus connue de Banksy. Aucune étude n’est encore sortie sur la notoriété de l’œuvre mais il est fort à parier que celle-ci doit figurer dans le top of mind du grand public.
Sotheby’s et son acquéreuse exposent aujourd’hui encore l’œuvre où une masse de curieux et d’amateurs se pressent pour l’admirer. Attestant de sa valeur et de son intérêt artistique.
Première œuvre réalisée en direct dans une salle aux enchères.
Elle retranscrit parfaitement l’œuvre de Banksy par son geste et devient ainsi une Double œuvre, multipliant sa valeur en la rendant unique.
L’arroseur arrosé ?
Banksy souhaitait-il jeter un nouveau pavé dans la marre. Qu’attendait il réellement de son geste ? Souhaitait-il détruire réellement son œuvre et faire un pied de nez à ses acquéreurs ?
Banksy est toujours monté aux créneaux contre la propriété et contre toute forme d’appartenance.
Sa performance pourrait être un acte dénonçant le fait que l’art (qu’une œuvre) ne peut être possédé par une personne et qu’elle appartient à tous.
Mais fort est de constater que par son geste, la valeur (et donc, le bénéfice de l’acquéreuse) de sa toile s’est fortement réévaluée.
Si Banksy s’est toujours opposé à la société de consommation, aux marques et encore plus particulièrement à la publicité, son geste a été récupéré par de nombreuses marques profitant du buzz de l’artiste.
Quelques-unes des publicités opportunistes :
- Ma préférée, pour Scotch (simple et évident)
La plus réactive (d’après ce que j’ai vu) pour IKEA :
- Celle qui fera le moins plaisir à l’artiste, McDo :
Celle qui reprend l’acte de la performance (Foncia), en 2 annonces :
Finalement son geste de protestation a été récupéré par ses ennemis, servi sur un plateau d’argent, celui de la visibilité (mon article en est même une forme de preuve).
Mais, aujourd’hui, nous sommes en droit de se poser la question, Banksy maîtrise-t-il sa communication ou se fait-il dépasser par son aura et ses actions ?
…ou pur génie de communiquant ?
Banksy et la publicité, une confrontation affirmée.
Vous vous souvenez peut être de cette publicité Coca Cola détournée qui s’en prend violemment aux publicitaires :
Traduction :
« Les gens se foutent de vous tous les jours. Ils s’immiscent dans votre vie, prennent une pauvre photo de vous puis disparaissent. Ils vous toisent depuis de grands immeubles et vous font vous sentir petit. Ils font des commentaires désinvoltes depuis des bus qui sous-entendent que vous n’êtes pas assez sexy et que toutes les bonnes choses se passent ailleurs.
Ils sont à la télé, à faire se sentir nulle votre copine. Ils ont accès à la technologie la plus sophistiquée que le monde ait jamais connue et vous tyrannisent avec. Ce sont les publicitaires et ils se foutent de vous.
Vous, par contre, n’avez pas le droit de les toucher. Marques déposées, droits sur la propriété intellectuelle et loi sur le copyright signifient que les publicitaires peuvent dire ce qu’ils veulent, où ils le veulent, en toute impunité.
Qu’ils aillent se faire foutre ! Toute publicité dans un espace public qui ne vous laisse pas le choix de la voir vous appartient. A vous de la prendre, de la réarranger et la réutiliser. Vous pouvez en faire ce que vous en avez envie. Demander la permission reviendrait à demander de garder une pierre qu’on viendrait de vous lancer à la figure.
Vous ne devez rien aux compagnies. Moins que rien, et surtout pas la politesse. Ils vous sont redevables. Ils ont refaçonné le monde pour s’exhiber devant vous. Ils n’ont jamais demandé votre permission, pas la peine de demander la leur. »
Son opposition est claire pourtant l’artiste use des plus grandes techniques publicitaires pour mettre en valeur ses convictions et son art.
Ses actions Buzz, comme chez Banksy
Son anonymat
Même si son identité a été révélée par mégarde par un de ses amis lors d’une interview, elle a été tenue très longtemps secrète et a provoqué un engouement plus que certain.
Le faisant passer de street artiste à La star du street art. Bien sûr son art, ses œuvres n’y sont pas pour rien. Ce n’est pas que de la communication.
Mais il faut avouer que c’est souvent ce qui fait la différence dans le monde artistique.
Sinon on ne se retrouverait pas chaque année avec autant de chanteur « pas si terrible » en boucle à la radio, alors que de véritables artistes sont toujours au fond du métro.
La culture du mystère a toujours été payante… Demandez confirmation à Daft Punk !
Quand on regarde son parcours et plus particulièrement son film « Exit Through the Gift Shop » (Faites le mur) et son personnage Mr. Brainwash, on est droit de se poser la question si Banksy n’a pas tout orchestré.
Si vous souhaitez voir le film, c’est par ici :
Banksy devient, comme son personnage BrainWash, un personnage empli de dualité, se battant contre la communication et la publicité et s’en servant aussi à merveille.
Alors Banksy, chez Hop Hope (même si toi tu nous aimes pas) …nous, ton t’aime.
Retrouvez ICI un article qui fait echo à celui-ci sur CANVA.
Si vous aimez Banksy, l’article, le film, ou les publicités, n’oubliez pas de nous envoyer un brief : Contactez-nous